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Le patron de Richemont va mettre dehors sa DRH

By Astrid Wendlandt
5 June 2020
Le patron de Richemont, propriétaire de Cartier, va mettre dehors sa DRH - sources

Johann Rupert, président du groupe Richemont, propriétaire de Cartier, se défait de sa directrice des ressources humaines Sophie Guieysse après avoir reçu trop de plaintes à propos de ses méthodes et de ses projets pour réduire les coûts, ont confié à Miss Tweed deux cadres de haut niveau chez Richemont sous condition d'anonymat.

Sophie Guieysse, membre du comité exécutif de Richemont, s'est mise en congé maladie cette semaine. Son accès au QG de Richemont à Genève est bloqué depuis jeudi 4 juin 2020, ont affirmé les deux cadres. Richemont, propriétaire des maisons Chloé et Alaïa, des bijoutiers Van Cleef & Arpels et Buccellati et des horlogers Jaeger-LeCoultre, Vacheron Constantin et IWC, a confirmé que la sortie de Sophie Guieysse était à l’étude : « Suite à des articles dans les médias, Richemont confirme avoir lancé une révision complète de sa fonction de ressources humaines et cela pourrait avoir un impact sur la composition de son Comité Exécutif. Aucune décision n'a été prise pour le moment. La compagnie n'a pas d’autre commentaire à ce stade. »

Avec Jérôme Lambert, directeur général de Richemont, Sophie Guieysse a imposé des coupures de salaires et de primes pour les 37 000 employés du groupe, tandis que sa propre rémunération a atteint plus de 3 millions de francs suisses pour l'année finissant le 31 mars, contre 1,9 million l'année précédente, selon le rapport annuel du groupe.

L'atmosphère est à la mutinerie et au désespoir, ont affirmé plusieurs directeurs de Richemont, suite aux annonces de baisses de primes faites en même temps que le groupe révélait dans son rapport annuel que la rémunération de son comité exécutif avait augmenté de 36 % au total pour la dernière année fiscale écoulée. Dans de nombreuses régions du monde, ceux qui ont rempli leurs objectifs verront leur prime coupée de 25 à 40 %, a affirmé une des sources.

« Comment sommes-nous censés imposer ces baisses à nos équipes quand les patrons ne jouent pas le jeu », se demande un cadre supérieur de Richemont. « Tout le monde est choqué », a affirmé à Miss Tweed un autre directeur basé en Europe, « même ceux qui ont des salaires relativement confortables ». Cependant, la rémunération du conseil d'administration de Richemont est restée stable contre l'année précédente et deux de ses membres, Ruggero Magnoni, un associé de longue date de Johann Rupert et Anton Rupert, son fils de 33 ans, ne toucheront pas leur rémunération en tant que membres du conseil d’administration.

Frustration et hostilité vis-à-vis de Sophie Guieysse fermentent dans les rangs depuis longtemps, ont affirmé à Miss Tweed plusieurs employés de Richemont, des plus hauts cadres au plus subalternes. Beaucoup disent avoir souffert de sa personnalité et de son langage jugés trop agressifs.

Johann Rupert a été scandalisé d’apprendre que Sophie Guieysse avait forcé Richemont à réduire de moitié ses cotisations de retraite pour les employés d’Amérique du Nord, beaucoup œuvrant pour le groupe depuis des décennies, selon l’un des hauts cadres de Richemont. Les retraites sont principalement financées par les entreprises en Amérique du Nord, et non par l'État, comme elles le sont en Europe continentale.

VIRUS ET VIOLENCES

Comme beaucoup de maisons de mode et de luxe, Richemont est confronté à une crise sans précédent et cherche à réduire ses coûts par tous les moyens possibles. On s’attend à ce que les ventes s'effondrent cette année en raison des fermetures de magasins pendant des semaines à cause du coronavirus et des manifestations aux États-Unis. Des dizaines de boutiques de luxe ont été pillées et vandalisées, dont celles d’Hermès, Louis Vuitton, Chanel, McQueen, Montblanc, Chloé et Cartier, profitant des émeutes à la suite du meurtre de George Floyd par un policier de Minneapolis le 25 mai. Tant qu’un vaccin contre le coronavirus sera trouvé et que les frontières resteront fermées, les touristes, qui représentent plus de la moitié du chiffre d’affaires des boutiques de mode et de luxe en Europe, resteront chez eux. Les analystes s’attendent à ce que la demande en Chine reste forte mais elle ne pourra pas compenser le manque à gagner en Europe et en Amérique du Nord.

Le mois dernier, Richemont a publié une baisse de 67 % de ses bénéfices pour l'année jusqu'au 31 mars. Le groupe a balayé les inquiétudes des investisseurs au sujet du virus et des ventes futures, s’attendant à ce que les clients continuent de désirer les best-sellers de Cartier et de Van Cleef & Arpels qu’ils considèrent des valeurs sûres en ces temps de crise. Le groupe a aussi souligné qu’il disposait d’une trésorerie confortable de 2,4 milliards d'euros et de lignes de crédit qui l’aideraient « à traverser ces temps difficiles ».

Depuis mars, Richemont a déjà réussi à économiser 30 % sur ses coûts de masse salariale aux États-Unis, où il emploie plus de 2 000 personnes. Les États-Unis représentent un marché stratégique pour le groupe et surtout pour Cartier, où le joaillier fait le gros de ses ventes. Depuis le début de la crise du Covid-19, Sophie Guieysse et Jérôme Lambert ont été surnommés en interne « Bonnie and Clyde » parce qu'ils sont perçus comme des individus qui prennent l'argent du personnel. Ils ont poussé Richemont à couper tous ses coûts là où il pouvait, en commençant par la rémunération des employés.

Sophie Guieysse a rejoint Richemont en 2017. Auparavant, elle était chez LVMH d'où elle a été poussée dehors en 2005, et chez Canal Plus, d'où elle a été renvoyée en 2015 par le président Vincent Bolloré lui-même lors d’une réunion du comité d’entreprise de la chaîne de télévision.

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